Jeune,
Tous les jours je te croise, moi promenant mon chien ; toi guetteur, tu veilles à ta réputation.
Vigile tu surveilles pour le compte des plus grands, plus fort, plus influent.
Ton avenir, s’il en est, sera de t’investir dans cette attente.
Mais ou mène ce chemin dans nos cités-banlieue
Est-ce donc là ton avenir ?
Tes portes de l’enfer ! même pas de petits boulots.
Tu te sens rejeté, inutile dans une vie, ou tu n’as pas ta place.
L’école déjà prétendait te former ; t’initier, te placer, te dompter.
Remplir ton cerveau, ou plutôt le modeler
Du moins t’offrir les clés des portes du futur.
Mais tu n’as pas suivi, et ils t’ont oublié.
Tu as décroché, tombé dans le désœuvrement, bien vite récupéré.
Est-ce là ta raison de vivre, la rue, ces halls d’immeubles.
Tu ne cherches pas la réussite, tu attends indolent.
Ton territoire est restreint, tes demains incertain.
Tombé sous la coupe de quelques grands,
Petits caïds de nos quartiers ils te rémunèrent te donnent une importance
Pour installer leur emprise, pour dominer,
Et leurs petits trafics t’autorisent une rente complicité.
Ta famille c’est la rue, ton présent ce milieux.
Hier un moins que rien, tu te crois au faîte d’un réseau.
Heureux d’appartenir, simplement de servir.
Tu n’as plus de toi-même, sous leur coupe ils t’enrôlent.
Ils t’offrent une raison d’être, reconnaissance, te voilà investi
Toi hier sans existence, tu trouves ici ta place.
Travailleurs de l’ombre ta vie se réduit à ces quelques lignes, à ces moments d’illusions.
Passeurs de rêves, gardiens du temple, chacun sa place ;
Quartier sous influence, à toi la surveillance.
Tu es le paysage, tout le temps rien à faire,
Rassemblement étrange, qu’attends-tu de demain.
Toi déjà sans passé, l’avenir incertain.
Exclu de notre monde, tu interpelles pourtant.
Ceux là qui t’ont tendu la main te tiennent, te servent de béquille
Complice ou pauvre âme perdue
Ton ennemi c’est l’ordre avec ses forces et ces gens étriqués.
Au grand jour tu t’affiches que peut-on te reprocher
Maillon d’un réseau souterrain, tu sais jouer les gros bras.
Chaine d’un espoir pour certain ou désespoirs des autres.
Tous ces faux paradis.
Avec la religion, chacun ses illusions
Mais les prêcheurs qui cherchent à nous récupérer, sèment la discorde sinon la soumission,
D’autres trouvent la rébellion ; être ou bien paraître, il faut bien exister.
Ces chapelles-là, allez savoir pourquoi, veulent nous posséder.
Alors discernement, raison comme toutes vos oraisons dans ce monde ou tout est possession
Le savoir oublié, comme la connaissance, seule compte la maitrise du temps et puis ce gain d’argent.
Ou est l’amour d’antan, l’être cher dans le simple dénuement.
La richesse intérieure avec le partage, échange de bons procédés, comme des vœux pieux
Jetés au hasard sans nulle prétention.
Allez y croire encore, c’est ce à quoi je prétends.
G.B.